samedi 21 avril 2012

CHILDREN'S HOME

Orphanage, soit littéralement en français orphelinat, est plutôt utilisé pour les refuges d'animaux. Ici, c'est donc Children's home. Voilà 8 mois que je suis bénévole à Huruma où je vais tous les mardis avec quelques amies francophones. Comme tous ces établissements, il est géré par les soeurs. Il se trouve à 1/2h -3/4h de Nairobi, voire 1h1/2 selon le traffic jam! Il se situe en plein milieu d'un bidonville.
Les endroits que nous traversons pour nous y rendre coupent la parole aux plus bavardes présentes dans la voiture. On se prend la pauvreté et la misère des gens en pleine face et bien entendu la réalité de ce pays aussi... Eux, semblent garder le sourire. Les enfants, même en bas âge, déambulent seuls dans les ruelles, nus pieds dans la boue au milieu des poules, des chèvres et des immondices. Ici et là, se trouvent des marchands ambulants : chapatis tous frais, vêtements de 2nde mains défiant toute concurrence, pieds de porcs à l'odeur plus que douteuse, tomate à 5 centime le fruit ou bonbon à 1 centime! Tout se vend à l'unité car 1 kilo ou un paquet est hors de prix!
Près du portail de l'orphelinat, des femmes et leurs nombreux enfants dont les petits collés au sein, nous tendent la main. Les enfants nous sourient et nous disent "Hey Muzungu*! How are you?" (* blanc en kiswahili. )
Lorsque nous franchissons ce portail, un hâvre de paix s'offre à nous! Quel contraste! Quel anachronisme!

Nous allons ensuite enfiler notre belle blouse vichy rose. Nous récupérons ensuite nos caisses de jouets dans un placard fermé à clé. C'est une précaution malheureusement obligatoire car sinon ceux-ci se volatiliseraient... (pour argumenter mes propos je vous fais part de cette anecdote: Les 3/4 des peluches offertes aux enfants à Noël ont disparu moins d'une semaine plus tard!!)
Puis, nous nous dirigeons vers le dortoir où se trouvent 20 lits à barreaux côte à côte. Les bébés sont calmes, nous sourient, nous tendent les bras ou au contraire, pleurent, hurlent... J'avoue que la 1ère fois les larmes coulaient le long de mes joues et la boule au ventre était tenace... La 1ère chose à laquelle j'ai pensé se sont mes enfants. "Ils ont de la chance mes doudous de nous avoir, d'avoir des câlins, des bisous, simplement d'avoir un papa et une maman qui les aiment, les protègent..." Un sentiment d'injustice vraiment.
Vient le moment où on joue, où on les  berce, où on leur chante des chansons, où on leur fait des câlins... (grande carence et grand besoin à ce niveau). Au fil du temps, on les connait, on s'attache à eux, on crée des liens et on a nos chouchous. Le mien c'est Alphonse (en photo), il me fait étrangement penser à mon petit Tomé. Il est souriant (trop mignon avec sa petite fossette), calme, a un regard ravageur et passe son temps à têter sa langue (besoin non assouvi car ici pas de tétines et pas de biberons. Dès 2 mois, les bébés boivent leur maziwa* à la tasse!) ( *lait en kiswahili)
Les enfants grandissent ici. Ils sont nourris, ont accès aux soins et à l'éducation et, bien heureusement, certains d'entre eux ont la chance de trouver une nouvelle famille. Pour la plupart des adoptants il s'agit de Kenyans. Nationalité privilégiée par rapport aux racines mais aussi à la couleur de la peau. Pour les Européens, la procédure est plus fastidieuse, plus longue. Pour info, il faut résider au kenya pendant minimum 9 mois!
Pourquoi tant d'enfants abandonnés? Pourquoi tant de structures? Les enfants sont abandonnés pour 3 raisons majeures:
-Difficultés financières (vie précaire dans les bidonvilles, Nième enfant non attendu...)
-Maladie de la mère (sida) (l'autre jour, une soeur est venu faire de la prospection auprès de moi car elle avait entendu dire que les blancs étaient près à adopter des enfants atteints du vih!! qui, soit dit en passant, peuvent devenir séronégatifs s'ils mangent de bons légumes!!)
-Handicap de l'enfant (une structure les accueille ici mais la prise en charge est tellement inappropriée que des pensées noires nous viennent à l'esprit... et toujours ce p..... de sentiment d'injustice!!!)
Une autre raison ahurissante fait augmenter le taux d'abandon d'enfants: Le remariage! Hein? Quoi? Concrètement, lorsqu'un homme rencontre une nouvelle femme après le décès de son épouse il se voit contraint d'abandonner son enfant qu'il ait 1, 9 mois ou bien 5 ans! Afin d'illustrer cet affreux constat je vous donne un exemple.  La voisine d'une amie a reccueilli son petit voisin de 4 ans sur le bord de la route près de chez elle. Quand elle s'est rendu au domicile du papa, celui-ci a calmement répondu sans état d'âmes : "ma compagne n'en veut pas alors j'en veux pas non plus". Sans commentaires mais à méditer quand même...
Ces journées sont certes éprouvantes par les histoires des enfants, leur triste vie, ce décalage et aussi les pleures... et quelle frustration de n'être là que quelques heures par semaine et de les abandonner à nouveau... mais rassurons nous comme on peut, c'est mieux que rien pour ces petits choux. Et puis quelle expérience, quel enrichissement! Ces petits nous apportent tellement!